Vereinsaktivitäten

Baden - Elsass

Saint-Léonard en 1836 : à gauche, le calvaire Eber, au fond, le Mont Sainte-Odile (dessin L. Atthalin)

Date : samedi 24.06.06 - Participants : 38 - Organisateurs : Pierre HAAS / André HEINRICH / Pierre VOGT - Programme en trois étapes : 15 h 00, visite de la marqueterie d'art Charles SPINDLER à 67530 Boersch/Saint-Léonard - 17 h 30, promenade-découverte dans le Parc du Domaine du Windeck à 67530 Ottrott-le-Bas - 19 h 30, Hôtel-Restaurant "Le Moulin" route de Klingenthal, à 67530 Ottrott (Conférences sur l'Influenza aviaire et repas convivial).

1/ Marqueterie d'art Charles SPINDLER, 3 Cour du Chapitre à Boersch Saint-Léonard

C'est l'histoire d'une dynastie et d'une tradition, qui s'ouvre par une belle porte romane sur un petit monastère bénédictin, au pied du Mont Sainte-Odile, lieu sacré de l'Alsace. Au commencement était une petite abbaye de bénédictins fondée en 1109 sur un modeste coteau couvert de prés et de vignes. Le monastère - consacré à Saint-Léonard (patron des prisonniers) qui vécut au VIe siècle dans le Limousin et y fonda le couvent de Saint-Léonard-de-Noblat (Haute-Vienne) - se transforme en 1235 en collégiale de chanoines dépendant du Grand Chapitre cathédral. Incendiée en 1298, trois fois pillée en 1592, 1610 et 1622, la collégiale, restaurée en 1651... sera abolie puis vendue le 14 septembre 1791 comme bien national par le gouvernement révolutionnaire. L'église est détruite en 1839-1840, ses pierres serviront à la construction de l'église de Benfeld alors que... son clocher en forme de bulbe coiffe aujourd'hui l'église d'Ergersheim. Après la suppression de la collégiale, les maisons, vignes et terres sont le plus souvent acquis par des protestants, l'Eglise interdisant aux catholiques d'acheter les biens du clergé.

Dès avant la première guerre mondiale (1896-1914), Saint-Léonard devient un important centre culturel régional sous l'impulsion du peintre, aquarelliste et marquetiste Charles SPINDLER (1865-1938), l'enfant de Boersch qui, en 1897, venait d'acquérir l'ancien prieuré (aidé en cela par son ami Anselme LAUGEL, dilettante aisé du voisinage) et y réunissait sous le signe de l'amitié un joyeux cénacle d'artistes tels les peintres Léon HORNECKER et Gustave STOSKOPF, le graveur munichois Joseph SATTLER, les sculpteurs Albert MARTZOLF et Albert SCHULTZ (auteur du Gänseliesel à l'Orangerie), l'historien Fritz KIENER, le peintre badois Lothaire von SEEBACH, les artistes Paul BRAUNAGEL, Léon SCHNUG, Emile STAHL, etc..., qui formèrent le Cercle de Saint-Léonard. Si c'est de cette retraite bucolique qu'est parti le renouveau de l'art et de la culture alsaciens, ces mêmes artistes se rencontraient également dans deux autres lieux de sociabilité : la Mehlkischt (près des anciens Hôpitaux à Strasbourg) et le Kunschthafe (à Schiltigheim).

Cette histoire dynastique et cet état de grâce s'éternisera, au travers de Paul-Henri SPINDLER (1906-1980), le fils de Charles et, depuis 1975 avec Jean-Charles SPINDLER (né en 1948), le petit-fils du fondateur. Dans le petit atelier situé dans l'ancienne Cour du Chapitre, Jean-Charles SPINDLER et son équipe perpétuent la tradition de la marqueterie d'art qui, depuis l'Exposition universelle de Paris en 1900, fait la renommée d'une famille et d'une province de France présentes dans le monde entier. Sur les rayons de l'atelier, de fines plaques de placage taillées dans tous les bois du globe s'empilent dans l'attente de leur métamorphose : elles proviennent des bois de France (noyer, aulne, peuplier, olivier, buis, acacia, etc...) et du monde (loupe d'amboine blonde ou rouge des Célèbes, loupe de thuya du Maroc, amarante violette du Brésil, ébène noir des Indes, érable du Canada, tulipier vert de Virginie, sycomore blanc, bois de rose du Brésil, etc...), soit près d'une centaine d'essences différentes dont les fibres éclatées ou les caprices donnent ces collines bleues, voire ces villages assoupis dans la plaine. Assemblées les unes aux autres selon une technique parfaitement maîtrisée, ces petites pièces se rêvent en pimpants tableaux avec des cigognes en peuplier, des pignons en loupe d'aulne, une cathédrale ou des tabliers d'Alsaciennes en tulipier qui font le bonheur d'amateurs d'art et de chercheurs de beauté de tous les pays venant sonner à la grille de l'ancienne maison des chanoines.

2/ Domaine du Windeck à Ottrott-le-Bas / Promenade-découverte dans le parc paysager

Si la plupart des habitants de la région prétendent connaître le château et le parc se trouvant au 51, rue principale, au point de jonction entre Ottrott-le-Bas et Ottrott-le-Haut, par contre peu nombreux sont ceux qui sont informés de l'histoire dudit "château" et de la richesse botanique que recèle son parc. Au XIVe siècle, le Windeck est une ancienne seigneurie aux mains des Rathsamhausen zum Stein, une lignée de la noblesse alsacienne. En 1770, le lieutenant-colonel Joseph de Pascalis, se disant "seigneur du Windeck" (décédé le 26.10.1786), fait édifier le château actuel, une demeure de style XVIIIe français, de plan rectangulaire à neuf travées d'ouverture sur deux niveaux couverts d'un toit brisé. Le domaine, après avoir appartenu successivement à MM. Laquiante et Rey, propriétaires terriens strasbourgeois, est acquis en 1834 par le colonel du génie Laurent Atthalin, directeur des fortifications de Strasbourg. En août 1835, sa fille Cécile épouse Armand Théodore de Dartein, homme d'affaires de Strasbourg lequel, à la mort de son beau-père la même année, devient propriétaire de la demeure et de son clos ; c'est lui qui donnera au parc les grandes lignes de sa configuration actuelle. Dans cette perspective, il agrandit son bien de plusieurs parcelles, notamment celle où se dresse l'édifice ruiné dit "ruine d'Altenkeller" (1180), à proximité de la chapelle romane (XIIe s.) consacrée à Saint Nicolas. Pour conférer un aspect castral et romantique à cette ruine, Dartein y introduit notamment deux grandes fenêtres à baies géminées "empruntées" au château de Guirbaden, d'autres éléments provenant de l'abbaye de Niedermünster, toute proche. Quant au parc (d'une superficie de 11 ha), il est agrémenté de plusieurs plans d'eau reliés à un réseau de canaux d'irrigation ; ses arbres font une large place aux essences d'origine européenne, exotique et américaine. On y admire par exemple plusieurs "Sequoia gigantea" de plus de 45 m de haut et de près de 4 m de diamètre à la base.

En 1858, Théodore de Dartein vend château, parc et clos au baron Léon Renouard de Bussière -un rameau de la lignée des Renouard de Bussière implantée à Strasbourg/Robertsau "ens Renouard's Guet"- domaine qui, suite au mariage de la gracieuse Mélanie Renouard de Bussière avec le comte Edmond de Pourtalès, bel homme... et belle fortune, prendra le nom de Château de Pourtalès, un site apprécié des Strasbourgeois. Installé à Ottrott, Léon Renouard de Bussière réalisera d'importantes modifications sur la maison et sur les dépendances, poursuivra les plantations dans le grand parc et unifiera le parc en une seule entité. En 1915, Marthe, la fille de Léon Renouard de Bussière, épouse du colonel de Witt-Cuizot, héritera du domaine à la mort de son père. Les de Witt-Cuizot feront de nombreux séjours à Ottrott ; une de leur fille, Françoise, épouse de M. Guy Brocard, devient propriétaire du domaine en 1952. En 1964, le château du Windeck et son parc sont vendus par les Brocard à l'association catholique "le Foyer de Charité d'Alsace". Depuis 1965, grâce à ce rachat, le domaine a pu être maintenu dans sa quasi-intégralité. Le parc paysager -ouvert au public- allie à l'esthétique "sauvage" de son site et de sa composition, l'avantage de représenter un véritable conservatoire d'espèces arbustives (près d'une centaine y sont recensées) où l'importance accordée aux essences exotiques traduit bien l'orientation des préoccupations botaniques d'un amateur éclairé du XIXe siècle.

3/ Hôtel-Restaurant "Le Moulin" à Ottrott Klingenthal (Lieu-dit Kupferhammer)

Rappelons que l'année 1730 marque une date importante dans l'histoire de la région d'Obernai ; ce sera l'année de la création de la Manufacture royale d'armes blanches dans la vallée de l'Ehn, à peu de distance des villages de Boersch et d'Ottrott. Cette manufacture, dont les premiers ouvriers seront originaires de Solingen (D) et comportant forges, martinets, ateliers de fondeurs, trempeurs, limeurs, graveurs, aiguiseurs, etc..., va donner naissance au village de Klingenthal (vallée des lames) et apporter prospérité, prestige et renom à toute la province d'Alsace. Comme mentionné dans l'en-tête, la troisième étape de la rencontre comportera deux volets : les conférences sur l'Influenza aviaire et l'apéritif-repas.

Les conférences sur l'Influenza ou "Grippe" aviaire
  1. Dr Lucien GANGLOFF, vétérinaire e/R spécialiste des faunes domestique et sauvage. Après avoir défini cette virose et rappelé sa synonymie, le confrère développe son historique, sa répartition géographique, ses manifestations cliniques et indique les espèces sensibles. Le conférencier, après avoir donné de plus amples informations sur le virus (Orthomyxovirus de la classe A, à l'origine des grippes animales et humaines, génome à 8 segments, glycoprotéines H [16 types] et N [9 types] dont les plus pathogènes sont H1, H5, H7 et H9, la possibilité de réplication et de réassortimentation, etc...), abordera la résistance et les modalités de transmission (directe et indirecte) du virus, sa pathogénicité, le rôle prépondérant de l'homme dans sa propagation et enfin la prophylaxie (essentiellement sanitaire) de l'affection chez l'animal et le traitement de la maladie chez l'homme.
  2. Dr Rémi GUERRIN, Directeur des Services Vétérinaires du Bas-Rhin. Il animera son exposé par la présentation de transparents, mettra l'accent sur la médiatisation excessive du problème de la "Grippe" aviaire, entretiendra son auditoire sur le rôle du réseau SAGIR, sur les différentes voies de migrations empruntées par le virus, et précisera les modalités de mise en place des mesures de police sanitaire, tant dans le foyer que dans les zones de protection et de surveillance.
L'apéritif-repas convivial,

d'une exquise qualité, clôturera fort agréablement cette belle sortie printanière. Au cours de la soirée devait être abordé le problème de la rencontre d'automne 2006 - en octobre en pays de Bade - et de la commémoration du 30ème anniversaire de la fondation de l'Amicale Vétérinaire Alsace-Bade / Badisch-elsässische Tierärztevereinigung (AVAB/BETV).

André HEINRICH