Date : samedi 9 mai 2009 – Participants : une vingtaine (ponts des 8 et 9 mai ?) – Organisateurs : Urban Bitzenhofer et Edgar von Cramm - Programme : 14 h 45 : rendez-vous à l'entrée du musée archéologique (S'Colombischlössle) / 15 h 00 : visite guidée du musée puis temps libre jusqu'à 17 h 00 / 17 h 45 ; à l'Hôtel Colombi (en face du musée) : A.G. commune (les deux sections réunies) / 18 h 00: conférence du Dr. Dieter Barutzki (changement climatique et parasitoses) / 18 h 45 : discours de bienvenue de l'adjointe Mme Ellen Breckwoldt, remlaçant le maire Dr. Dieter Salomon, empêché. À partir de 19 h 15: repas convivial dans un des salons de l'Hôtel Colombi.
1. Le musée archéologique (S'Colombischlössle) ou "les tribulations d'une maison de maître"
La paix de Nimègue signée le 10 août1678 mettait fin à la guerre de Hollande ; aux termes d'un traité complémentaire signé la 05 février 1679 par Louis XIV et l'archiduc d'Autriche Léopold 1er, l'Empire cède la ville de Fribourg à la France. Occupée par les troupes royales, la ville est transformée en forteresse par l'ingénieur-architecte Sébastien Le Prestre de Vauban : ce sera la plus importante modificabon que Fribourg subira depuis sa fondation par les ducs de Zähringen en 1210, et dont le château sur le Schlossberg - où jusqu'à 5000 soldats français logeront dans les casernements - sera intégré dans l'enceinte de la forteresse.
En 1698, Fribourg redevient autrichienne. Pour faciliter l'extension de la cité, l'ensemble des fortifications, y compris le château sur le Schlossberg, sera dynamité et les ruines des différents ouvrages converties en vignes, jardins ou parcs. C'est en 1812 que le baron Franz Xaver von Roggenbach aménage dans les vignes, sur l'emplacement d'un des anciens bastions Ouest (le bastion Saint-Louis), un parc arboré de style franco-anglais assorti d'un verger (et de ses dépendances). En 1858/59, la comtesse Maria Antonia Gertrudis de Zea Bermudez y Colombi qui, après le décès de son époux, le diplomate espagnol Salvador de Zea Bennudez, de Malaga (ils se marièrent en 1832), s'était installée avec ses filles à Fribourg, va acquérir le domaine du baron von Roggenbach. Elle y fera bâtir - au cœur-même du parc, sous la conduite de l'architecte Georg Jakob Schneider (celui-là même qui participa, avec Friedrich Eisenlohr, à la construcbon du château d'Ortenberg, dans la vallée de la Kinzig, près d'Offenbourg), - une maison de maitre de style néogothique (gothic revival style), l'architecture intérieure se singularisant par un luxueux et imposant escalier en fonte.
Signalons, pour être complet, que la mère de la comtesse, la barone Marie de Colombi née de Borde, veuve, avait également, et ce dès 1830, choisit Fribourg comme son lieu de résidence. La comtesse décède en 1863, sa fille Christine en 1866. En 1867, les héritiers vendent le domaine (château, vignes, parc, etc) au Receveur des Domaines Joseph Anton Sporer lequel, à son tour et dès 1869, cédera la propriété à Johann Gerhard Thoma, un industriel-fabricant de Todtnau (Haute Forêt-Noire). En 1899, le petit chàteau Colombi (S'Colombischlössle… pour les Fribourgeois !) et ses dépendances, sont vendus à la ville de Fribourg par les héritiers de Joseph Anton Thoma. À partir de 1909, le château devient le lieu de dépôt et d'exposition du patrimoine culturel de la ville. Il est épargné lors des terribles bombardements de la ville dans la soirée du 27 novembre 1944, provoquant la destruction de la vieille ville et d'autres quartiers… et au cours duquel on dénombra environ 3000 victimes.
Au fil des années, diverses institutions, tant civiles que militaires, trouvèrent refuge au château Colombi (1947/52), siège du gouvernement (provisoire) de l'État indépendant de Bade-Sud (1952/ 78): la Cour d'Appel est locataire du château… et il fut même question, après le départ de cette haute juridiction régionale, d'y implanter un établissement de jeux (type casino !). Le 28 novembre 1983 a lieu l'ouverture au public, dans les espaces rénovés du château Colombi, du musée archéologique de Fribourg. Le luxueux escalier décrit plus haut, conduit aujourd'hui le visiteur aux différentes salles aménagées où est présentée l'impressionnante collection d'une très grande richesse issue des fouilles effectuées dans les parties centrale et sud du pays de Bade (Kork près de Kehl / Kappel am Rhein / Bœtzingen-lhringen-Munzingen à proximité du Kayserstuhl-Tuniberg / Heitersheim dans la Markgräflerdand / Altenburg-Rheinau, dans une boucle du Rhin supérieur / Bräunlingen-Hüfingen, au bord de la Breg (le futur Danube) / Bittelbrunn (grotte de Peterfels) près de Engen dans le Hegau, etc. Au fil de la visite, on plonge ainsi dans la vie des hommes, depuis l'âge de pierre (taillée d'abord, polie ensuite), du bronze et du fer (Hallstatt - La Tène) jusqu'au haut Moyen Âge, en passant par l'époque romaine.
Particulièrement intéressante est la salle dite du trésor (Schatzkammer) aménagée au sous-sol du musée ; y est exposée, entre autres, la riche parure (dont des fibules en or et en argent serties de pierres précieuses), portée dans sa tombe par une dame de la noblesse mérovingienne ; ce trésor, issu d'une sépulture du VIe siècle ap. J.C. a été découverte à Hüfingen, près de l'ancienne voie de communication Colmar / Donaueschingen, à proximité de la divière Breg, petit ruisselet qui, né à moins de 50 km de la frontière française, à 1078 m d'altitude, va se perdre à quelque 2900 km de là, dans les eaux de la Mer Noire, sous le nom de Danube !
2° La conférence du Dr Dieter Barutzki - Le thème : "Changement climatique dans notre région et influence sur la progression de certaines maladies parasitaires transmissibles, la leishmaniose en particulier"
Jusqu'à une date récente, les conditions climatiques très avenantes régnant sur les Landkreis dans l'extrême sud du Land Bade-Wurtenberg faisaient appeler cette région de Toscane allemande. Cela aurait tendance à vouloir changer, les moyennes de température relevées entre 1961 et 1990 dans œ territoire s'étant accrues de 2,5 à 3,0°C et qu'on assiste, d'une part à l'accroissement du nombre de jours > à 25°C, d'autre part à la diminution des jours de gel ainsi qu'à l'augmentation des précipitations hivernales et, en corollaire, à la diminution jusqu'à 40% des précipitations estivales. Ces phénomènes tendraient à favoriser l'augmentation du nombre possible de cycles des arthropodes et culicidaes vecteurs, permettant ainsi leur pullulation en même temps que celle du nombre des petits rongeurs-hôtes. S'ajoutent à ce phénomène la présence de biotopes dits ouverts, tels que forêts caducifoliées hétérogènes, landes suburbaines, bordures de chemins herbeux, clairières et friches, des zones à bonne couverture végétale assorties d'un taux d'humidité supérieur à 85%. Des facteurs sociologiques et culturels particulièrement favorisants comme par exemple les transformations du mode de vie vantant le temps libre et les loisirs (le retour à la nature), l'exode urbain vers la campagne, les voyages sur de longues distances, le port vestimentaire peu ou pas adapté à l'actvité, l'effet protecteur réduit des vêtements contre les morsures et les piqûres des vecteurs (repas sanguin sur l'hôte réceptif final), viennent compléter le tableau. Enfin nos animaux de compagnie (dont les chiens) représentent un risque épidémiologique particulièrement important car entrant facilement en contact avec tiques et autres parasites, à l'occasion de sorties nature en compagnie de leurs maîtres. Suite à ces observations liminaires, le conférencier énumère - à l'appui de nombreux tableaux projetés sur écran - en plus de la liste des principaux agents infectieux rencontrés en Allemagne du sud-ouest dans le ressort du laboratoire qu'il a en charge : les babesioses, les rickettsioses (Anaplasma et Ehrlichia), les leishmanioses, les dirofilahoses, les affectons à Angiostrongylus vasorum et Crenosoma vulpis ainsi qu'à Thelazia callipœda, etc., - les méthodes de diagnostic mises en oeuvre ainsi que les mesures de prophylaxie et les conseils de traitements applicables en la circonstance. Le Dr. Barutzki commente la découverte et l'examen - en 2007 - d'un moustique Tigre (Aedes albopictus) se rencontrant habituellemnt en Madagascar, en ex-Papouasie (Nouyvelle-Guinée) ou dans le nord de l'Australie; ce redoutable piqueur peut être l'agent de la Fièvre de Chicunguya, de la Fièvre du Nil, voire de la dengue (fièvre rouge). Le Dr Barutzki concluera sa conférence - unanimement appréciée - en déclarant :
- la babésiose du chien et l'anaplasmose sont présentes en RFA à l'état endémique, et ce depuis plusieurs années.
- il faut s'attendre à une augmentation de la babésiose en raison de l'extension des tiques vectrices
- le caractère endémique de la leishmaniose canine est en discussion ; cette affection canine peut, actuellement du moins, être considérée comme limitée à l'échelon régional.
- l'apparition d'une ehrlichiose endémique paraît possible,
- des infectons autochtones de Dirofiliaria immitis et Dirofilaria repens comme par Thelazia callipaeda sont probables.
- on constate enfin - cela n'a d'ailleurs rien d'étonnant compte-tenu de la pullulation actuelle du renard - une recrudescence d'infections par Angigrogylus vasorum et par Crenosoma vulpis.
André -Xavier HEINRICH