Assemblées anuelles

En France et en Allemagne

En cette année paire, 2014, c'est donc en France qu'ont eu lieu les journées traditionnelles de l'Ascension de France-Allemagne Vétérinaire, plus précisément à Besançon, commune de 120 000 habitants (dans une communauté urbaine d'environ 250 000 habitants, préfecture du département du Doubs et de la région Franche-Comté. Cette région, frontalière de la Suisse, fut constamment convoitée, prise et reprise, incendiée, pillée, mais aussi bâtie, fortifiée, embellie au cours des siècles. Capitale de la Séquanie, Vesontio (Besançon) est envahie par les légions romaines de César, puis par les Barbares.

Après le partage de l'empire de Charlemagne, cette région devient comté de Bourgogne, dont elle s'affranchira (d'où le nom de Franche-Comté), pour s'intégrer ensuite au Saint-Empire romain germanique qui, avec Charles Quint, la place sous domination espagnole, avant la dure conquête française (traité de Nimègue en 1678). Cette année, nous bénéficions de belles journées ensoleillées, dans une nature printanière, fleurie, verte (la forêt occupe 42% du département). Rappelons cependant que les hivers sont ici longs et rigoureux. Le Haut-Doubs (Mouthe, Morteau, Le Mont d'Or), avec une altitude toujours supérieure à 1000 m, est surnommé "la Sibérie française". L'architecture des fermes traditionnelles en témoigne. Nous sommes au pays du cheval comtois, de la vache montbéliarde, notre première race laitière d'origine française, et de la première production nationale (en tonnage) de fromages AOC réputés : Comté, Morbier, Mont d'Or, Cancoillotte, issus d'anciennes fruitières.

Description
La citadelle de Besançon

Jeudi 29 mai

Retrouvailles à l'hôtel "Ibis styles", accueillant et fonctionnel, situé en ville, à proximité de la gare Viotte. Quatre-vingt cinq participants, toujours un peu plus d'Allemands que de Français, ainsi qu'une douzaine d'étudiants. Présence symbolique d'un nouvel adhérent allemand d'origine malienne (bac français à Bamako, faculté vétérinaire de Leipzig grâce à une bourse incitative de l'ex-RDA), passé en RFA avant la chute du mur, et manifestement très heureux de retrouver des confrères français grâce à FDV récemment découverte. Mot d'accueil de notre président André Desbois lors de l'apéritif offert par le laboratoire VÉTOQUINOL, représenté par son directeur Europe M. Dominique Dervaux. Notre président-délégué Pierre Haas nous apprend avec tristesse le décès très récent de notre ami le contrôleur général André Heinrich, ancien "Malgré-Nous", figure emblématique de notre association et de l'amicale vétérinaire Alsace-Bade dont il fut l'infatigable trésorier. Le dîner, pris à l'hôtel, est agréablement arrosé, comme il se doit, et comme le seront tous les repas suivants, d'un excellent vin d'Arbois, cépage Chardonnay.

Vendredi 30 mai

8 h 00 : Assemblée générale de FDV sous la présidence d'André Desbois, qui devra malheureusement quitter la réunion pour retrouver son épouse restée à son domicile en raison d'un malaise passager. Notre président-délégué Pierre Haas et son épouse nous quitteront également pour assister aux obsèques d'André Heinrich.

9 h 15 : départ en bus... et "en rangs serrés" pour la fameuse citadelle. Pour l'accès final, plutôt pentu pour les plus anciens d'entre-nous, des navette légères ont été prévues, attention louable de la part des organisateurs et appréciée des utilisateurs. Cette citadelle est admirablement située dans la sorte d'isthme étroit qui précède la presqu'île formée par la boucle du Doubs qui enserre la vieille ville. Cette forteresse, complétée par Vauban sur les bases d'un ancien fort espagnol, constitue un ensemble militaire historique auquel se sont ajoutées différentes installations d'intérêt touristique. Du chemin de ronde, vue spectaculaire sur la ville, la boucle de la rivière qui l'entoure et sur les autres forts voisins (Bregille, Chaudane, Planoise) destinés à compléter la défense de la ville en fonction de l'évolution de l'artillerie. La ville de Besançon acheta la citadelle à l'autorité militaire en 1958 et l'ouvrit au public en différentes étapes : 1960, création du musée d'histoire naturelle placé sous la tutelle du ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche ; 1969, musée de la résistance et de la déportation ; 1975, aquarium (belle collection de poissons d'eau douce de Franche-Comté) : 2000, jardin zoologique, insectarium, climatorium... Déjeuner au restaurant de la citadelle, situé dans la cour des Cadets, au cœur du site.

Le musée du temps - Cour du palais Granvelle (cliché P. V.)
Une partie des superbes collections horlogères (cliché musée du temps)

L'après-midi est consacrée à deux thèmes : le musée du temps et la vieille ville, visites guidées bien documentées.

Le musée du temps est installé depuis 2002 en plein centre ville, dans l'historique palais Granvelle, édifié au XVIe siècle pour Nicolas Perrenot de Granvelle, garde des Sceaux, premier conseiller et homme de confiance de Charles Quint. L'édifice, d'inspiration renaissance, comprend une vaste cour entourée d'arcades en "anses de panier", aux allures de cloître, donnant sur un grand jardin arboré ; il comporte trois étages et une tour. La visite du musée du temps nous permet de parcourir l'histoire du pays, de la ville et des hommes, les avancées techniques d'Huygens et de Galilée, les microtechniques, le pendule de Foucault haut de 13 mètres. Ce captivant musée ne pouvais être mieux situé que dans la capitale de l'horlogerie.

La visite de la vieille ville illustre les périodes successives :

  • séquane, où Vesontio avait des "petits passages" entre les rues principales, des "tages", analogues aux traboules lyonnaises.
  • gallo-romaine, avec la "porte noire", arc triomphal du IIe siècle après J.C.
  • médiévale
  • germaine et espagnole, à l'urbanisme caractéristique, avec escaliers bisontins à ciel ouvert, à vis ou à volées, avec ferronneries plus riches dans les étages nobles (inférieurs).

De nombreuses constructions reflètent le passé religieux et militaire de la cité : la cathédrale Saint-Jean et son horloge astronomique rivalise avec celle de Strasbourg. Edifices en pierre de Chailluz (calcaire bicolore gris-bleu et beige-ocre que l'on remarque sur les façades récemment ravalées, et qui donne leur unité aux maisons hautes aux toits pentus). Maisons natales de Victor Hugo, Pierre Joseph Proudhon, Charles Fourier, Tristan Bernard et Charles Nodier, les frères Auguste et Louis Lumière.

Un bel ensemble, pratiquement inchangé depuis cette vue du début du XXe siècle 1 (coll. part.)

Parcs et promenades le long du Doubs, tout contribue à donner envie de revenir explorer plus en détail cette ville attachante, dont la devise "UTINAM" (Plaise à Dieu) et attachée au blason de la cité qui lui a été attribué par Charles Quint.

Dîner à l'hôtel ; un ami et supporter de FDV, Loïc Bouvard, pendant 39 ans député du Morbihan, se joint à nous.

Samedi 31 mai

9 h 00 : le past co-président allemand Jürgen Esslinger, absent la veille, rejoint le groupe. À l'hôtel, conférence du Dr vétérinaire Stéphane Barbier assisté de son épouse le Dr vétérinaire Elodie Barbier sur La tuberculose à mycobacterium bovis en France ; épidémiologie dans le cheptel bovin et la faune sauvage de la Côte d'Or.

Exposé remarquable, tant sur le fond que sur la forme ; sur le fond : sujet actuel, concret. Epidémiologie, études sur la faune sauvage, évolution des méthodes de diagnostic, réseau de surveillance ; sur la forme : présentation orale et visuelle claire et didactique.

Un auditoire de vétérinaires particulièrement attentif lors de la conférence des Drs Barbier (cliché J. F.)
Un auditoire de vétérinaires particulièrement attentif lors de la conférence des Drs Barbier (cliché J. F.)

10 h 00 : départ des bus pour la visite de la saline royale d'Arc-et-Senans : édifié de 1775 à 1779 sur ordre de Louis XV par le célèbre architecte Claude-Nicolas Ledoux, à une époque où le sel était une denrée précieuse, onéreuse et surveillée (gabelle), l'ensemble constitue le vestige de l'industrie disparue du sel gemme, qui ne dura que cent ans. Cette saline, de conception monumentale, est devenue un chef-d'œuvre du patrimoine architectural. Acheté en 1928 par le département du Doubs, il accueille touristes, congressistes, séminaires... Déjeuner au restaurant de la saline, dans l'ancienne maréchalerie de l'usine.

Le groupe des joyeux congressistes devant l'entrée monumentale de la saline royale d'Arc-et-Senans (cliché J. F.)

14 h 45 : départ pour Ornans, beau village situé sur la Loue, affluent du Doubs. Visite guidée du village et du Musée Courbet. La rivière lèche le pied de nombreuses maisons qui se reflètent dans l'eau. Grande place arborée, nombreux édifices en pierre de taille. L'environnement aquatique du mu-sée Courbet est particulièrement mis en valeur. Grâce à des planchers transparents, on a parfois l'impression de marcher sur l'eau. Gustave Courbet est né à Ornans en 1819. Imprégné d'influence espagnole (Velasquez) et hollandaise (Rembrandt), il a peint surtout des paysages, la nature, les gens, les animaux, les métiers de son pays, devenant ainsi le maître de l'école réaliste. Ses tableaux sont souvent sombres, parfois traités en clair obscur, plus rarement lumineux. Signalons (FDV oblige) sur un tableau, un taureau montbéliard accompagné d'une génisse froment, qui pour les visiteurs que nous sommes, semble de race indéterminée ; mais l'un d'entre nous (Pierson, ethnologue distingué), assure qu'il s'agit d'une Femeline (probablement de la région de Jussey en Haute-Saône), race préexistante à la Montbéliarde, et disparue à la fin du XIXe siècle. Courbet, précurseur, progressiste, participa à la Commune en 1870-71, ce qui lui valut des ennuis judiciaires et pécuniaires... et même la prison. Il séjournera en Suisse à la fin de sa vie, jusqu'à sa mort en 1877.

Les bords de la Loue à Ornans (cliché P. V.)

19 h 30 : Dîner-croisière ; après un bref retour à l'hôtel, le bus nous conduit à nouveau "en rangs serrés" à l'embarcadère pour un dîner-croisière sur le Doubs, à bord du "Vauban". Pour cette aimable fin de congrès, notre secrétaire-général devient amiral et le bateau nous entraîne au fil du Doubs, y compris dans l'extraordinaire canal souterrain (375 m, deux écluses, inauguré le 30 avril 1882) qui passe sous la citadelle.

Pour quelques vocalises de fin de repas après les mots de remerciements du co-président Jürgen Feind, nous appelons à l'aide un compositeur franco-allemand prestigieux, Jacques Offenbach. Tout le bateau entonne "la barcarolle" des Contes d'Hoffmann, avant que ne soient évoqués trois événements FDV survenus l'an passé :

  • l'ouverture de l'université d'été du Pr Hoffmann.
  • le relais de la co-présidence allemande.
  • la proclamation de notre président "Père des relations vétérinaires franco-allemandes".

Tout cela résumé dans "la barcarolle du professeur Hoffmann"
Les incontournable "Bourgelat" et l'hymne européen sont chantés par tous, ponctués par une envolée lyrique moderne des étudiants, entraînés par notre dynamique "jeune ancien" Eric Berring.

In fine, le président Jürgen Feind nous convie en 2015 chez lui, à Kusel, en Rhénanie-Palatinat

Journées annuelles

Des journées annuelles sont organisées de manière alternante en France et en Allemagne. Vous pouvez y participer au programme scientifique ainsi que découvrir la culture et le patrimoine de la nation hôte. Un cadre familial permet un échange décontracté entre vétérinaires allemands et français.