Sans frontières, ni politiques, ni linguistiques, ni géographiques, un ultime hommage solennel a été rendu en la cathédrale de Strasbourg à André Bord, "un homme qui a marqué l'histoire de l'Alsace". L'assemblée réunie dans la cathédrale révélait, par sa diversité, l'ampleur du parcours d'André Bord. Sur les marches montant au choeur de la cathédrale, alors que jouent les grandes orgues, a été disposé un nombre impressionnant de gerbes tricolores, bleu-blanc- rouge, bien sûr comme le suppose le parcours politique d'André Bord... mais aussi noir-rouge-jaune, les couleurs de cette Allemagne que l'ancien résistant n'a eu de cesse de vouloir réconcilier, puis souder à son propre pays.
Le symbole même de ces bouquets associés autour de sa dépouille donnait le ton d'obsèques placées sous le signe du ''destin exceptionnel'' d'un Alsacien. Ces mots sont d'emblée ceux de l'archevêque de Strasbourg, Mgr Jean-Pierre Grallet.André Bord n'ayant pas souhaité d'orateurs non religieux (n'était-ce pas tout à son honneur?), c'est donc l'archevêque de Strasbourg qui a pris soin d'évoquer son parcours de résistant, d'homme politique, de dirigeant sportif et de promoteur de l'Amitié franco-allemande, affirmant même que « le message du Christ n'était pas étranger à cet engagement si fécond. »
Ami de la famille, l'archiprêtre de la cathédrale, Michel Wackenheim, a donné l'homélie. Il y salua le républicain chrétien, celui qui comme ministre s'était battu pour la liberté y compris de la parole, qui oeuvrait pour l'égalité hors des favoritismes, des clientélismes voire des clanismes, etc. Au cours de la célébration, le père Michel Wackenheim lira La prière des parachutistes, le texte particulièrement émouvant d'André Zirnheld, parachutiste des Forces Françaises tué au combat, texte qu'André Bord considérait comme son viatique et qui ne le quittait jamais. Enfin, l'évêque de Saint-Claude (Jura), Mgr Vincent Jordy, ancien évêque auxiliaire de Strasbourg, autre ami d'André Bord et de ses proches, adressera une dernière salutation au défunt « qui, tout au long de sa longue carrière a fait preuve d'une force intérieure rare, notamment pour défendre la cause européenne, a voulu servir et à celui qui a voulu faire un don généreux de lui-même. » La solennité du propos dans la cathédrale a trouvé écho sur le parvis, où les honneurs militaires ont été rendus à André Bord par un important cortège de porte-drapeaux. Tout près du cercueil de l'ami André, Francine, sa courageuse épouse. Et un peu à l'écart, un pupitre portant ses décorations évoquait une dernière fois la vie éminente et, ô combien engagée, de l'ami défunt.
À la demande du président André Desbois, j'ai été très honoré d'avoir eu le rare privilège de représenter à cette cérémonie, particulièrement digne et émouvante, la famille vétérinaire franco-allemande (et alsaco-badoise) toute entière qui, au travers de l'AFAV et de sa section AVAB, est tout particulièrement redevable à l'action menée en sa faveur par notre ami André Bord qui n'hésitait pas, en certaines circonstances et par sympathie pour nos représentants professionnels, à se considérer comme l'ami des vétos !
André-Xavier Heinrich