Journées annuelles 2018 à F-Saint-Pierre-en-Faucigny
Jeudi 10 mai
Nous sommes accueillis par les organisateurs, les Drs Ph. et C. Hervé, autour d'un apéritif tout en émotion, en hommage à André Desbois fondateur de l'association, qui nous a quittés en novembre 2017. Le Président François Jolivet retrace ses combats, sa ténacité, son enthousiasme à "bâtir des ponts et détruire des murs". À la suite de sa brève allocution il demande aux participants de respecter une minute de silence
Suit une présentation par Claude Barbier, docteur en Histoire, président de l'Union des sociétés savantes de Savoie : Savoie du Nord/Genève : géographie, histoire ; qu'est-ce qu'une frontière ?; passionnante évocation de cette région où Genève - Savoie - Bourgogne se disputèrent des siècles durant les contours fluctuants de leurs territoires. Aussi c'est avec plaisir que nous levons nos verres pour ingérer ces tourbillons de I'Histoire.
Vendredi 11 mai
La matinée se déroule avec la visite du Château de Ripaille en bordure du Léman. Le château, construit à partir du milieu du XIVe siècle, est à l’origine un manoir, pavillon en bois sur un soubassement de pierre, au milieu d’une réserve de chasse. Bonne de Bourbon, dite "madame la Grande" le fait agrandir entre 1371 et 1388 et le transforme en maison de plaisance. Son fils Amédée VII y meurt en 1391. Le château est constamment remanié et agrandi, notamment par l’adjonction en 1410 par Amédée VIII du prieuré des augustins de Ripaille, ordre à qui il cède sa maison et son manoir avec toutes ses dépendances. Il devient antipape (c'est à dire qu'il a exercé la fonction et porté le titre de pape, mais son avènement à cette charge n'est plus reconnu aujourd'hui comme régulier et valable par l'Église catholique), sous le nom de Félix V (1439-1449), lors du concile de Bâle.
Ce lieu offre un triple patrimoine de nature, vignoble et passé historique. Amédée VIII, après ses deuils, dont celui de son épouse, se réfugie dans la religion. ll vivra en autarcie avec six compagnons chevaliers, et fonde avec eux l'Ordre de Saint-Maurice, tandis que ses deux fils deviendront à leur tour chevaliers la même année. Les moines seront chassés par les guerres de religion. En 1710, saint François de Sales y installe des Chartreux. Leur réfectoire présente des pots à vinaigre (ce dernier étant utilisé comme remède contre la peste) ainsi que des vestiges d'activités de menuiserie et de forge. Dans la perspective d'élevage du ver à soie, plantation intensive du murier.
Le domaine est racheté en 1809 par le général comte Pierre Louis Dupas, militaire savoisien au service de la France, puis en 1821 par un amateur d'art et industriel mulhousien, Frédéric Engel Gros qui fit fortune dans le textile, comme fondateur des usines DMC, et dans le lancement d'édition de livres de broderie. Après une restauration de 11 ans (art nouveau et art médiéval revisités), il en fera une oeuvre d'art total.
Après la visite de la cuisine et de salle des pressoirs, la visite se termine par une dégustation de vin blanc issu du cépage chasselas, et provenant exclusivement des 22 hectares de vignes du domaine, au soleil devant l'ancienne cave du château.
Après un copieux repas avec la classique et inévitable perche du lac, nous prenons la direction d'Yvoire, village médiéval, sur le Léman. C'est une sentinelle entre le petit et le grand lac, à 4 km de la rive opposée. Sur sa motte c'est un emplacement stratégique de premier plan. En 1306, Amédée V acquiert le château et fait construire une muraille de protection en molasse, sur laquelle s'adosseront par la suite de nombreuses maisons d'habitation. Le clocher savoyard à bulbe, rasé à la Révolution, est reconstruit en inox. Au XVIe siècle le village assiégé est découronné de ses fortifications. Le château incendié restera sans toiture pendant 350 ans ; c'est la fin de son statut de place forte. Les Bouvier d'Yvoire, actuels châtelains, couvrent le toit de tuiles. Tout proche, le jardin des cinq sens, merveilleux éden, contribue aujourd'hui avec les fenêtres abondamment fleuries à en faire un des plus beaux et plus fleuris villages de France, vivant quasiment exclusivement du tourisme.
En fin d'après-midi retour à I'hôtel où se tient l'assemblée générale de l'association.
Samedi 12 mai
Alors que les vétérinaires assistent à une matinée dermatologique avec trois conférences prononcées par le Dr P.A. Germain, les accompagnants partent pour une visite guidée du vieux Genève. Les fortifications du XVIe siècle sont encore visibles dans un parking souterrain que nous traversons. Elles sont démolies en 1849 et Genève est alors déclarée ville ouverte. Aux XVème et XVIème siècles, I'essor des foires véhicule la Réforme. Avec la révocation de l'Édit de Nantes en 1685, une vague d'immigrés afflue, la ville devient protestante et le restera longtemps, plus par désir d'indépendance que par conviction ; elle est catholique aujourd'hui. Sur son blason, l'aigle coupé fait référence à l'aigle bicéphale des armoiries du Saint-Empire romain germanique, et la clé d'or est un attribut de l’apôtre saint Pierre, patron de l'Église de Genève et de la cathédrale de la ville. La cathédrale protestante Saint-Pierre de Genève est depuis 1535 l'église protestante principale de la ville. Auparavant, elle fut pendant mille ans (dès la fin du IVe siècle) l'église cathédrale de l'évêque de Genève. Devenue temple protestant, elle a été bâtie en même temps que Notre-Dame de Paris. La Halle, ornée de fresques relatant son histoire, est occupée par des canons provenant de diverses batailles. C'est en 58 avant Jésus-Christ qu'émerge le nom de Genève. L'Hôtel de Ville, siège central de sept états, possède une superbe montée pour chevaux pavée de têtes de chat, et est flanqué d'une tour carrée du XVle siècle.
Sur l'esplanade intra muros, nous longeons Ie plus long et plus vieux banc du monde (120 mètres). Autre curiosité de la place, un marronnier qui avec I'apparition de sa première feuille annonce le printemps ! On ne peut ignorer l'influence de Jean Calvin, Jean-Jacques Rousseau et Henri Dunant, fondateur en 1864 de la Croix-Rouge et prix Nobel de la Paix en 1901. Citons aussi le général Dufour, humaniste enseignant de Napoléon lll à l’École militaire centrale fédérale de Thoune qu'il dirige. En 1862 Genève aura le premier tram d'Europe. Nous traversons le jardin botanique, lieu de toutes les festivités, côtoyons un jeu d'échecs au sol, pour voir le mur des réformateurs érigé en 1909 qui statufie tous ces grands hommes. Et bien entendu, coup d'œil sur le célèbre jet d'eau.
Après récupération des "studieux", déjeuner à Chamonix sous le Mont Blanc et l'aiguille du Midi ; en fin d'après-midi nous assistons à un film et une conférence donnée par un membre de la Compagnie des guides de Chamonix. Pour cette profession c'est un aboutissement d'être promu l'un de ses 200 membres aux règles strictes. ll y a en tout 1600 guides dont 10 % de femmes qui peuvent accompagner leurs clients dans le monde entier... sauf aux USA ! Aujourd'hui, par culture d'entreprise, ils se diversifient (eaux vives, accrobranches,...) sans oublier non le concept du chiffre mais celui du rêve. À l'issue de cette conférence ont fusé de très nombreuses questions, montrant le grand intérêt porté par les auditeurs pour cette profession plutôt méconnue.
Lors la soirée de gala sont décernées quatre médailles de l'ORFACE (Observatoire des Relations Franco-allemandes pour la Construction Européenne) ; les quatre récipiendaires : Pr B. Hoffmann, Dr J. Esslinger, Dr S. Guyet et Dr P. Haas.
De droite à gauche : Pr Hoffmann, Dr Esslinger, Dr Guyet, Dr Haas, Dr Jolivet, Dr Virat (cliché Y.C.)
Le choeur des étudiants entonne des chants populaires et, tradition oblige, l'Hymne à la joie, dans les deux langues. Le Bourgelat annonce la fin d'une belle rencontre, merci chaleureux à Ph. et C. Hervé.
Merci au laboratoire Vétoquinol pour sa participation à l’apéritif d’accueil ainsi qu’à la Compagnie des vétérinaires pour sa contribution à l’animation musicale lors de la soirée de gala.
À l'année prochaine à Bad Kreuznach, en Rhenanie Palatinat.
Past présidente de l'AFFV