Assemblées anuelles

En France et en Allemagne

 

Journées FDV 2019 de FDV du 30 mai au 2 juin à Bad Kreuznach (Rhénanie Palatinat)

 Jeudi 30 mai

Le jeudi soir, par un temps radieux, un apéritif en terrasse nous regroupait au gré des arrivées, avec la joie toujours intacte de nous retrouver. Au début du dîner, souhaits de bienvenue de l'organisateur, le Dr Volker Bradel, suivis des mots du président François Jolivet, qui salue les participants et excuse les absents avec une pensée émue pour notre regretté président-fondateur le Dr André Desbois. Le co-président allemand Jürgen Feind rappelle le beau congrès organisé en 2018 en Haute-Savoie par les Drs Catherine et Philippe Hervé, et se félicite cette année de la venue d'une belle jeunesse estudiantine.

Cette réunion franco-allemande à Bad Kreuznach est la deuxième du genre, si l'on peut dire : en effet, le 14 septembre 1958, Charles de Gaulle invitait Konrad Adenauer dans sa propriété de la Boisserie (ce fut la seule invitation d'un chef d'état dans la maison du président français) ; juste retour des choses, Adenauer reçut à son tour de Gaulle, à Bad Kreuznach cette fois, le 26 novembre de la même année. Furent ainsi jetées les bases de la réconciliation franco-allemande, matérialisée par l'installation d'une grande plaque mémorielle dans le jardin du Kurhaus, juste devant notre hôtel.

Vendredi 31 mai

Départ à 9 h pour Mayence, capitale de Rhénanie-Palatinat, ancienne cité romaine sur l'axe Main/Rhin, entourée de célèbres vignobles qui ont fait de Mayence la plus importante ville allemande pour le commerce du vin.

C'est aussi la ville natale de Gutenberg : ses concitoyens lui ont dédié un musée dans un bâtiment renaissance, à l'abri de la cathédrale Saint-Martin ; en entrant dans la "chambre obscure" la bien nommée, se dévoilent des incunables xylographiques[1] (ou livres tabellaires) dont le magnifique "psautier de Mayence" en polychromie. Une autre section expose deux bibles de Gutenberg, une lettre d'indulgence, et "le fragment du jugement dernier", le document le plus ancien de l'art typographique[2]. Un atelier d'imprimerie reconstitué nous a fait revivre la fabrication et la composition des caractères ainsi que le travail de l'imprimeur de l'époque. Les livres non reliés, donc souples, étaient transportés en rouleaux dans des futs dont l'étanchéité souvent douteuse causait de grandes pertes et de douloureux procès. Cette invention influencera la propagation de la Réforme voire de la Révolution. À noter que le véritable nom de Gutenberg est Johannes Gensfleisch zur Laden zum Gutenberg, nom d'emprunt tiré de la maison que possédaient ses parents à Mayence et qui portait l'enseigne "Zum guten berg" (à la bonne montagne), Gensfleisch signifiant "viande d'oie" ! Au centre-ville une statue le représente barbu ce qui est un non-sens, car à l'époque seuls les juifs portaient la barbe.

La cathédrale, dédiée à Saint-Martin, date du Xe siècle. De style roman, elle fut agrandie avec de nombreux éléments gothiques ;  les grands fonts baptismaux gothiques mais d'inspiration romaine, et qui datent de 1328, sont l'une des plus grandes (pour ne pas dire la plus grande) forme jamais coulée d'une pièce en étain. L'intérieur de la cathédrale surprend, avec ses deux chevets, l'un dédié à saint Martin, l'autre à saint Etienne. Les monuments funéraires, sur piliers, sont ceux des archevêques successifs. Il n'y a pas d'orgue central mais sur chevets et côtés. Le choeur principal, dirigé vers l'ouest à l'instar des grandes cathédrales de Rome, n'est pas sans rappeler Saint-Pierre de Rome. Il survivra à plusieurs incendies et occupations militaires. Le cloître est le domaine des chanoines (moines de la cathédrale) ; on remarque bien la séparation profane/sacré. À l'étage, une école épiscopale et une bibliothèque seront brûlées avec l'église et refaites à l'identique au cours du XVe siècle. Le portail est la copie de celui d'Aix-la-Chapelle.

La cathédrale domine au sud le Markt ou place du Marché, qui présente au nord une belle série de maisons baroques, les Markthäuser. Cette place, ouverte en 1804 à la suite d'un décret de Napoléon - qui occupait la région à cette époque - s'est développée à partir d'un marché pour les agriculteurs, qui est devenu un marché populaire pour les gourmets. Le choix, la variété et l'exclusivité des produits proposés contribuent au style spécial du marché. Le marché offre des légumes (asperges en quantité !), des fruits exotiques, épices, fromages, gibiers, volailles, poissons, vins, jus, fleurs, etc. Nulle part ailleurs, à Mayence, on ne peut trouver une plus grande variété d'aliments frais et de friandises.

Au centre de la place Notre-Dame, attenante à la cathédrale, on remarque la "colonne des clous" (Nagel Säule). Cette colonne de bois, érigée au cours de l'année 1916 dans un esprit de propagande, initialement à partir d'un financement public, fut plantée de très nombreux clous attestant des non moins nombreux dons qui furent accordés par les habitants de la ville. Une singularité : les plaques de rues sont bleues pour les voies parallèles au Rhin, et rouges pour celles qui mènent au fleuve !

À 13 h, embarquement pour une mini-croisière sur le Rhin romantique, avec repas à bord. Cette partie du Rhin est une section de 65 kilomètres de long entre Bingen et Coblence ; elle a été inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO en juin 2002, pour son ensemble unique associant un patrimoine géologique, historique, culturel et industriel. De Bingen au rocher de la Lorelei et retour, tous les rochers, tours, châteaux et légendes attachés à ces décors contribuent à l'attrait d'un parcours superbe où les vignobles tombent dans le fleuve.

À 19 h, dans une brasserie typique de Bad Kreuznach, dégustation de bières locales et repas régional. Retour pédestre à l'hôtel en longeant la rivière Nahe et en traversant l'île aux Roses.

Samedi 1er juin

À 9 h, un petit train touristique nous emmène pour une promenade le long de la Nahe, rivière habituellement tranquille, mais qui peut être redoutable lors de crues (d'où le nom de "Petite Venise" donné à ses berges), ce qui a obligé à élever un mur de protection sur ses rives. Le micro climat et la qualité de ses eaux firent très tôt de Bad Kreuznach une ville thermale renommée, où Russes, Anglais, Français (comme Marcel Proust) et même l'empereur, se côtoyaient. Aujourd'hui, des recherches pointues en optique et l'installation de l'usine Michelin en font une cité industrielle prospère. La vallée des Salines, hérissée de "murs de graduation" pour récolter le sel - l'or blanc - constitués de buissons de pruneliers, en font le plus grand inhalateur d'Europe à ciel ouvert. Les bains qui donnent à la ville son nom contiennent du radon, gaz radioactif extrait initialement par un pharmacien local, et qui est censé posséder des vertus curatives.

Nous longeons l'île aux Roses, le parc Orange, qui fut la propriété d'une princesse de la famille Orange Nassau, et nous apercevons la Roque rouge ou Roque des comtes du Rhin (Rotenfels), "montagne" qui culmine à 327 m d'altitude, située entre Bad Münster am Stein-Ebernburg, Norheim à l'ouest et Rüdesheim au nord. C'est une réserve naturelle et une destination pour les alpinistes expérimentés. Nous poursuivons notre circuit par la visite de la Halle des Romains. Ce musée, édifié sur les vestiges d'une importante villa romaine, présente deux magnifiques pavements de mosaïque. À l'ombre du parc attenant, un imposant noyer du Caucase de 19 m d'envergure et un cyprès des marécages aux racines apparentes verticales, nous subjuguent. Puis nous traversons la "Petite Venise" avec ses maisons sur ponts construites sur les piles, nous entrons dans une curieuse ruelle intérieure, abritée et glaciale, où s'installaient les bouchers pour vendre leur viande en extérieur, nous remarquons les nombreuses statues, sculptées pour la plupart par la lignée des Cauer, dont celle de Michel Mort, héros légendaire du Rhin moyen, devant l'église Saint-Nicolas. Coup d'œil à l'église Saint-Paul, qui vit en 1843 le mariage de Karl Marx avec Jenny von Westphalen.

Après un repas fort apprécié à l'hôtel, s'est tenue à 14 h 30 l'AG de l'association, suivie de deux remarquables conférences scientifiques en allemand sur les NAC (traduction "simultanée" par notre administratrice Julie Antoine) : le Prof. Dr. Fehr (ECZM, Université vétérinaire de Hanovre) nous a d’abord présenté quelques cas de pathologies urinaires et de leur abord particulier chez les NAC, puis le Dr. Eckert (Université vétérinaire de Hanovre) nous a parlé de la gestion des NAC en état critique. Pendant ce temps les accompagnants purent découvrir le musée des pierres de Bad Münster ou profiter des thermes, devant l'hôtel.

20 h : soirée de gala à l'hôtel ; au cours d'un repas particulièrement soigné, des cadeaux sont offerts en remerciements au couple organisateur, Suzanne et Volker Bradel, pour ces journées très réussies. Et pour terminer ces agapes, les étudiantes entonnent successivement "Die Gedanken sind frei" (d'après une chanson allemande du XVIIIe siècle) puis l'hymne européen et enfin le "Bourgelat". Les confrères et consœurs Jolivet, Hervé et Chavot, très en forme, alterneront chants vignerons, de circonstance dans cette très importante région vinicole allemande, et ban bourguignon.

C'est dans la bonne humeur que chacun attend déjà de se retrouver en 2020 chez nos amis Nicole et Yvan Clot, à Pau.

Georgette ROBIN, Past président de l'AFFV

[1] Un incunable xylographique (ou tabellaire) est un petit livre d'environ 50 pages maximum, imprimé en Europe dans la deuxième moitié du XVe siècle, au moyen de blocs de bois sur lesquels sont taillés des textes et des illustrations. Ils auraient été une alternative bon marché et populaire aux livres composés, qui étaient encore très chers à cette époque.

[2] Découvert à Mayence, ce document a été imprimé par Gutenberg avant 1447 et après son arrivée dans cette ville en 1444. Il est possible d'en déduire que l'impression a été réalisée en 1445 ou 1446 au plus tard et que l'invention des caractères mobiles en Europe, par la suite reconnue mondialement, peut être attribuée à Gutenberg en 1445.

 

Journées annuelles

Des journées annuelles sont organisées de manière alternante en France et en Allemagne. Vous pouvez y participer au programme scientifique ainsi que découvrir la culture et le patrimoine de la nation hôte. Un cadre familial permet un échange décontracté entre vétérinaires allemands et français.